Spiderman 4 aurait-il été l'épisode de trop ?
Cet article permettra, je l'espère, d'éclaircir un petit peu la gestation quelque peu difficile de ce film et d'aborder surtout le projet initial des producteurs, à savoir produire un quatrième opus de la saga de Sam Raimi. Opus qui ne verra jamais le jour et qui a laissé une saga et toute une équipe en plan. Retour sur l'histoire de l'homme-araignée au cinéma.
Tout commence en 2002. Si le premier Spiderman n'est pas le film précurseur de la vague de film de super-héros qui va littéralement caractériser le cinéma de divertissement de cette décennie, il en est le film étendard. Incroyable succès au box-office Spiderman rejoint désormais dans l'histoire du cinéma les classiques comme le Superman de Richard Donner ou le Batman de Tim Burton.
Le passage de Peter Parker de la BD au cinéma est rendu possible grâce aux immenses possibilités qu'offre la technologie numérique, désormais Spiderman se balance littéralement de toit en toit. Autre raison du succès du film, Sam Raimi, fan de la première heure du personnage de Peter Parker, s'est déjà frotté au genre du "comic book movie" en créant son propre super héros dans Darkman. Sa sincérité et son profond amour envers Spiderman, sa réalisation virevoltante mais maîtrisée donne à cette grande figure de la BD tout le panache qu'elle mérite. Tout ceci ajouté à une distribution et à un ton impeccable. Si le personnage de Jonah Jameson est plus vrai que nature, l'interprétation sensible du reste du casting ajoute au récit et au dilemme du héros une profondeur insoupçonnée.
Si les fans de la première heure du tisseur du toile regrettent un certain manque de fidélité envers le support original, Sam Raimi en a bien conservé l'essentiel : l'esprit.
Succès oblige, une suite est enclenchée par les producteurs et cela tombe bien car Sam Raimi a de la suite dans les idées, et pour sa suite il complexifie encore plus les dilemmes auxquels est confronté Peter Parker.
Derrière son image de film à gros budget, le film réussit à traiter du passage à l'âge adulte grâce à des comédiens excellents et à un scénario ingénieux qui laisse la place aux instants dramatiques et qui laisse le temps de définir les personnages. Sam Raimi réussit même durant un tiers du film à ne pas faire apparaître Spiderman (ce qui lui donne l'occasion de glisser un génial clin d’œil à la BD).
Le film mêle avec un talent divin les scènes intimistes (le monologue bouleversant de Tante May), les moments de grands spectacles (voir le retour de Spiderman dans le dernier tiers du film) et reste encore aujourd'hui une référence dans le genre super-héroïque. Ainsi que la preuve que l'on peut traiter l'histoire d'un super héros avec de la profondeur et avec simplicité, n'est-ce-pas monsieur Nolan ?
Succès public et critique, un Spiderman 3 voit évidemment le jour. Sam Raimi a été au bout de ses thématiques dans Spiderman 2, il a pour ambition de créer pour cet opus un spectacle total. Ce sera chose faîte même si le scénario souffre parfois d'une certaine simplicité et d'une caractérisation des personnages parfois hasardeuses (le personnage d'Edie Brock).
Le film se surpasse dans des séquences d'action dantesques digne du comic book original et les effets spéciaux sont absolument bluffant.
Si le film se termine sur une jolie conclusion, Sam Raimi et son équipe n'ont pas dit leur dernier mot. En effet un quatrième opus est annoncé, mieux encore le studio Sony annonce non pas un nouvel épisode mais trois, le studio voulant lancer une seconde trilogie.
Les studios ont la folie des grandeurs mais toute l'équipe ne suit pas, Tobey Maguire hésite déjà pour porter à nouveau le costume une quatrième fois alors pour un hypothétique sixième épisode c'est mal parti. Kirsten Dunst montre elle aussi des réserves quand à l'idée d'un quatrième épisode.
Si Sam Raimi est le premier a être confirmé, Sony a une idée pour réunir tout le monde, le studio décide en effet de tourner les épisodes 4 et 5 simultanément compte tenu de la difficulté de réunir la totalité de l'équipe.
D'une hypothétique trilogie, on est passé à un projet d'autant plus sérieux de diptyque, pour lequel les deux acteurs principaux auraient déjà signé.
Le temps passe et si le cinquième épisode se fait de plus en plus flou, le quatrième épisode lui se fait de plus en plus d'actualité, Sam Raimi annonce que Tobey Maguire rempile malgré ses réticences, et une date de sortie est même annoncée : le 6 mai 2011.
Le film mit sur les rails, les rumeurs s'organisent autour du méchant, très peu de confirmation autour de l'histoire, seul un scénariste est confirmé, il s'agit de James Vanderbilt, le scénariste de Zodiac.
Si la question de méchant est importante dans un film de super héros, elle va ici déterminer l'existence du film. En effet pour Sam Raimi, le choix du méchant coïncide avec les choix moraux et les difficultés que le personnage de Peter Parker va subir.
C'est ainsi que Sam Raimi s'opposera aux producteurs, lui préférant mettre en scène le méchant le Vautour, d'autres rumeurs arrivant sur la toile, on parle du Lézard comme méchant, on parlera même du retour de l'assassin de l'oncle Ben ou d'un Bruce Campbell en Mysterio.
D'autres rumeurs arrivent encore, alimentées par une annonce qu'aurait lancée le studio Sony qui rechercherait deux très jeunes acteurs pour incarner les enfants de Peter Parker et Mary Jane.
Le projet s'avançant, il semble que les conflits se cristallisent autour du méchant, les studios préférant un autre méchant que le Vautour. S'en suivra des dernières rumeurs, une hypothèse de remplacement de Kirsten Dunst par Anne Hattaway et le film sera repoussé une dernière fois, avant de l'annuler en tout et pour tout le 12 janvier 2010 au profit d'un reboot.
Plus tard on apprendra que Kirsten Dunst regrettera cette décision, cette dernière voulant boucler la boucle d'une façon différente et que John Malkovich avait accepté le rôle du Vautour.
Sam Raimi et toute l'équipe remercié, le studio Sony se voit obligé de mettre en route un reboot afin de ne pas perdre les droits du personnage, les studios Marvel lorgnant dessus pour l'intégrer aux Vengeurs.
C'est pourquoi nous nous retrouverons avec un nouveau Spiderman en 2012, qui a pour argument de vente un film plus fidèle au comic book original et des révélations sur les parents de Peter Parker. Au final rien de tout cela, on se retrouve avec un film de qualité médiocre ne sachant pas sur quel pied danser se contentant de mélanger mauvaises idées en décalage avec l'esprit du personnage et des scènes similaires à la saga de Sam Raimi beaucoup moins réussies évidemment.
Au final si un quatrième opus n'aurait sûrement pas dépassé ses prédécesseurs, il aurait en tout cas dépassé The Amazing Spiderman. Le tisseur de toile mérite sûrement qu'on le laisse en paix, ce que les studios n'ont malheureusement pas compris car une suite de The Amazing Spiderman est déjà mise sur les rails.
Courage Spidey ton calvaire est bientôt fini.
A découvrir aussi
- Alan Moore au cinéma
- Top 5 des meilleurs affrontements de super-héros au cinéma
- La communication du film Deadpool
Retour aux articles de la catégorie Analyses -