Les super-héros et la destruction de masse
Alors que très prochainement sortira au cinéma X-Men Apocalypse, visiblement l'opus le plus destructeur de la saga, et que les deux plus gros films de super-héros de cette année, à savoir Batman V Superman et Captain America Civil War ont sérieusement remis en cause l'aspect destructeur des super-héros, il est intéressant d'interroger le rapport qu'entretiennent les héros costumés avec la destruction de masse.
Bien évidemment, le cinéma de divertissement hollywoodien a toujours été lié au grand spectacle et à la pyrotechnie, que ce soit dès les serials , on a toujours aimé faire péter des trucs à l'écran. Une manière comme une autre, mais exclusivement cinématographique, de créer une sensation de danger et de spectacle.Certains réalisateurs en on même fait leur marque de fabrique que ce soit Roland Enmmerich avec Independence Day par exemple qui a fait de la destruction de la maison blanche une image iconique , et Michael Bay dont une grande part de sa filmographie est dédiée à la pyrotechnie surexcitée.
Mais concentrons nous sur les super-héros et leur rapport à la destruction au cinéma. Ce rapport évoluera au fil des années mais dès l'apparition des super-héros dans les serials, ce rapport à la destruction existe déjà mais il est minime étant donné la minceur des budgets alloués à ces productions. Il faudra attendre l'arrivée d'un surhomme sur nos écrans pour que cette notion apparaisse vraiment. Superman réalisé par Richard Donner nous propose déjà une première réflexion sur cette notion de destruction et de danger causé par le super-héros. Vers la fin du film Superman échoue à sauver Lois Lane et ne peut empêcher l'inondation de tout un village , il décide alors de remonter dans le temps afin de réparer les dégâts qu'il a causé.
En vérité ce n'est pas Superman qui a causé ces dégâts, mais Lex Luthor. Et comme le suggère la fin de Batman Begins, on peut se demander si les super-héros sont à l'origine de l'apparition de super vilains? On peut ainsi reprocher à ces affrontements qui débouchent sur des dommages collatéraux , de ne concerner que les deux parties impliquées. Souvent l'apparition du héros suscite l'aversion du méchant qui veut ainsi le neutraliser à tout prix. Et très souvent le méchant est un proche du héros, ce qui accentue l'aspect intime du combat.Les humains se sentent alors dominés par des demi-dieux se livrant à des affrontements homériques au dessus de leur tête, bien souvent pour les sauver certes mais comment en être sûr ?
Cette problématisation des actions des super-héros interviennent après deux films majeurs dans la représentation de la destruction massive ( causée par les super-héros ) au cinéma, à savoir : Avengers et Man of Steel. Auparavant et même depuis le premier X-men les affrontements de super-héros se limitent à des endroits symboliques de la ville, comme un monument ou un quartier, la Statue de la liberté (X-men 1) Harlem ( L'incroyable Hulk) ou encore le Golden Gate Bridge ( X-men 3 qui il est vrai se livre à une scène finale très destructrice). Enfin il est difficile d'imaginer des super-héros comme Spiderman ou Daredevil , très attachés à leur ville, la détruire lors d'un affrontement.
Mais revenons à nos deux mastodontes que sont Avengers et Man of steel, si l'un propose une approche résolument plus légère, sa scène finale n'en demeure pas moins un déluge d'explosion et de destruction en plein cœur de New-York, quand à Man of Steel son combat contre Zod détruit tout sur son passage, même dans sa ville d'adoption, Smalville. Ces images de destruction apparaissent pour plusieurs raisons, tout d'abord, la notion de puissance et d'enjeu, pour Avengers il s'agissait de créer une menace assez forte pour réunir tous ces super-héros, pour Man of Steel l'enjeu était de montrer Superman sous un jour nouveau et de montrer l'immensité de sa puissance. Enfin voir New-York détruit avec autant de légèreté est une façon pour le cinéma américain de dépasser le traumatisme du 11 septembre et de ces images de tours ravagées.
Le cas de Man of Steel est plus problématique, les nombreux dommages collatéraux et destructions du final ont été vivement critiqués, on leur reprochait notamment le manque de cohérence entre l'attachement de Superman à défendre les humaines et la Terre, et le peu de retenue a balancer Zod contre des bâtiments remplis de civils. Mais comme pour Avengers ce comportement sera sanctionné et contesté dans ces les films suivants et désormais il ne sera plus possible de détruire en toute impunité. Ralliement à l'ONU pour les uns , passage au tribunal pour les autres, on s'écharpe à définir sa vision du super-héros , et surtout ses limites.
En définitive, pour un super-héros la destruction de masse semble être un passage obligé vers l'âge adulte, car après elle, il doit apprendre à répondre de ses actes, à maîtriser sa force , à considérer son environnement et à se demander quel super-héros veut-il devenir ? Les X-men dans leur prochain film affronteront une menace divine, et feront tout pour l'arrêter , quitte , on l'a bien vu dans les bandes annonces, à céder à la destruction de masse. Cette menace divine leur permettra peut être de ne pas avoir à répondre de leurs actes, même chose pour les Avengers qui affronteront la menace cosmique Thanos, reste à savoir dans quel cas le spectateur acceptera de voir des super-héros à la puissance décomplexée et de les identifier comme sauveurs.
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