Les super-héros sur les écrans

1943 : Batman serial de Lambert Hillyer

 

Le serial est un format particulier de fiction , le mélange entre la série télé et le feuilleton. Apparu durant les années 10 , et ensuite très fréquents dans la première moitié du XXéme siècle , ces petits films à petit budget d'une durée de quinze minutes étaient projetés dans les cinéma en première partie des longs-métrages à gros budget. Les sujets de ces serials tournaient souvent autour d'adaptations de romans-feuilletons ou bien de comics. On retrouvait par exemple des adaptations de Flash Gordon, Dick Tracy, ou bien Sherlock Holmes.L'équivalent français de cette tendance se retrouve dans les films de Louis Feuillade sur Fantomas. Et c'est ainsi que comme les cartoons de Max Fleischer sur Superman, avec ce serial consacré à Batman, on retrouve un lien fort avec la presse. 

 

 

 

Dans cette première adaptation de Batman à l'écran, et la première adaptation live d'un super-héros, on trouve déjà des éléments forts de l'univers de Batman seulement quatre ans après sa création. Notamment dès l'introduction du serial où l'on nous présente le manoir Wayne, la Bat-Cave, Batman évidemment ainsi que Robin son fidèle acolyte. On trouve aussi Linda Page en tant que love interest de la série et Alfred qui ici joue le rôle du comic relief en apparaissant tour à tout efféminé, coincé et plutôt lâche. Enfin Batman a des rapports plutôt taquins avec la police incarné par le capitaine bougon Arnold, à qui il livre des criminels ligotés ou bien avec la marque de Batman sur leur front.

 

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Au niveau de la structure de la série, elle est composée de 15 épisodes d'une quinzaine de minutes chacun, et chaque épisode possède la même structure interne à savoir : délit ( un enlèvement d'un personnage secondaire ou d'une arme quelconque) , enquête ( déguisement de Batman et Robin ou bien enquête dans le labo) , combat ( à main nues contre des sbires ) et enfin cliffhanger comme tout bon serial qui se respecte. Car le but d'un serial est de donner envie au spectateur de voir la suite qui était diffusé dans les cinéma la semaine suivante. C'est ainsi qu'à la fin de chaque épisode on retrouve Batman en bien mauvaise posture, chaque teaser de l'épisode à suivre se gardant bien de ne pas montrer Batman histoire d'entretenir le suspense mais aussi l'idée folle que la série pourrait continuer sans lui. Bien sûr au début de chaque épisode Batman est miraculeusement sauvé par Robin, et la structure peut à nouveau s'enclencher , si bien que ce serial est aussi conçu pour qu'en prenant un épisode au hasard le spectateur ne sois pas perdu, tant l'intrigue avant peu ( Batman se battant à chaque épisode contre des sbires) , et les éléments essentiels répétés. 

 

 

Venons- en au grand méchant, le docteur Daka, un espion japonais qui a inventé une machine capable de contrôler les esprits. Ce méchant est la parfaire représentation de deux des plus grandes peurs de l'Amérique à cette époque et que l'on a retrouvé en filigrane dans des œuvres de science-fiction jusque dans les années 50, à savoir la peur du Japon et celle du contrôle des esprits. Deux ans après le traumatisme de Pearl Harbor, l'Amérique est encore sous le choc et la propagande de plus en plus présente dans les oeuvres de fiction et plus particulièrement dans celles concernant les super-héros. On rappelle que dans la couverture du premier Captain America, ce dernier met un crochet à Hitler. Mais aussi la propagande est plus malsaine, en effet, à la base le méchant du serial devait être le Joker, mais sous pression propagandiste, on créa un nouveau méchant, qui cumule tout le folklore japonais pour ne pas dire cliché. Il est en plus incarné par un acteur américain, et grimé pour ressembler à l'empereur du Japon Hirohito dont le docteur Daka se réclame le servant. La base secrète du méchant est un train-fantôme ( vestige du choix initial du Joker) où les monstres ont été remplacés par des soldats japonais , métaphore peu subtile mais représentative des peurs de l'Amérique à cette époque.

Le docteur Daka a pour esclave des zombies, qu'il contrôle grâce à sa machine. Cet élément n'est pas anodin dans la science-fiction à cette époque. Le zombie avant de devenir un mangeur de chair à la fin des années 60 avec Romero, est un esclave, asservi par un rite vaudou ou bien par une quelconque expèrience scientifique. Ici c'est la peur du contrôle des esprits par un maître manipulateur. La manipulation des foules est en jeu ici, comme celle d'Hitler sur le peuple allemand , et plus tard celle de Staline et du communisme.

 

 

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Batman dans ce serial est donc victime de son époque comme beaucoup d'autres super-héros, néanmoins ce serial qui est un mélange de film noir et de science fiction reste un bel hommage au chevalier noir et est une manière d'appuyer encore plus la filiation avec des personnages pulp comme The Shadow ou encore Zorro. Les deux inspirations de Bob Kane le créateur de Batman , et qui ont eux aussi eu droit à un serial.

 

 

 

 



21/01/2016
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